that's all about my father.
Je suis une battante, je ne lâche rien, je n'abandonne jamais. Je souffre ? Tant pis, je me bats quand même. Je n'ai peur de rien ni de personne. Mon rival fait deux têtes de plus que moi ? Ma victoire n'en sera que plus savoureuse. Parce que oui, je gagne toujours. Certains disent que mon père ne juge que par la force, qu'il n'a aucun sens de la stratégie, à l'inverse d'Athéna. C'est peut-être vrai. Toujours est-il que je n'ai jamais concédée la moindre défaite à ce jour, et ce n'est pas demain la veille que ça m'arrivera. Je suis la fille du dieu de la guerre après tout, non ? En parlant de ça, je pense que cette histoire mérite sans doute quelques explications.
Tout a commencé à Sandpoint, un petit village de l'Idaho d'à peine quelques milliers d'habitants. Mais ce n'est pas le plus important. Je vivais là-bas dans une famille d'accueil, me considérant moi-même comme orpheline, même si je savais que ma mère était une belle femme qui s'était entichée de mon père à cause du pouvoir qu'il dégageait. Elle le prenait pour un homme riche... si on y réfléchit, ce n'est pas faux. Il n'est seulement pas riche comme on l'entend ici. Ils se sont rencontrés et neuf mois plus tard, ma mère me donnait naissance. Elle savait que j'étais spéciale et effrayée par le poids que je représentais, elle me légua à une inconnue qui lui semblait parfaite pour m'élever. Elle me laissa donc à mes premiers jours à Amanda, ma "mère". Je me sentais différente, certes plutôt paumée à l'école, dyslexique, atteinte d'hyper-activité et en manque d'amis, mis à part un certain Drew, que je découvris plus tard qu'il était un satire destiné à me protéger et m'amener dans une colonie pour les enfants comme moi. Mais nous n'en sommes pas encore là.
Mon enfance fut des plus agréables. J'allais à la plage sans arrêt, me battait à tout va et atterrissait au minimum deux fois par jour chez le principal. Et je me faisais virée, à chaque fois. J'avais beau faire, je ne tenais pas une seule année dans le même établissement. J'eus le temps d'en visiter une dizaine avant qu'il se passe quelque chose d'inquiétant à l'école primaire de Boise, là où j'étais quand j'avais neuf ans. Une élève de deux ans plus âgée que moi vint me chercher des noises, et j’engageai un combat, persuadée de gagner, tout en sachant pertinemment que j'allais me faire renvoyer, ou au moins que je récolterais une punition sévère. Mais mon adversaire n'était pas très exactement une enfant de onze ans. C'était une créature mythologique, une furie. Et elle était là pour me tuer. Fort heureusement pour moi, Drew était là et même si c'est dur à admettre, c'est grâce à lui que je suis en vie aujourd'hui. Il m'aida à m'en sortir et m'amena à ce qu'il appelait la Colonie des Sangs-Mêlés. Et là surprise, j'étais une demi-déesse.
Oui j'avoue que j'ai eu un peu de mal à le croire. Mais j'ai assez bien encaissé le coup et j'ai admis rapidement qui j'étais vraiment, à savoir la progéniture d'un dieu et d'une humaine. Et ça ne déplaisait pas tellement au fond, d'être spéciale. Alors nous avons rejoint en hâte la colonie et Chiron m'accueillit à bras ouvert. Je fus placée dans le bungalow d'Hermès comme bons nombres d'autres demi-dieux, refusant quasiment tout dialogue. Je suis du genre associale, qui se croit trop importante pour beaucoup ; j'assume entièrement. Je fus revendiquée assez rapidement par mon parent olympien, à savoir Arès, le dieu de la guerre. Tout était logique lorsqu'on y réfléchissait. J'adorais me battre et j'excellais dans cet art. Je possède tous les traits de caractères de mon père, même si physiquement je suis le portrait craché de ma mère plus jeune. Je n'ai qu'une seule photo d'elle. Je la garde cachée de tous ; je ne veux pas que l'on voit que je l'aime alors qu'elle m'a lâchement abandonnée à ma naissance.
Je restai seule au bungalow d'Arès, puis d'autres demi-dieux me rejoignirent. Je suis la chef de mon bungalow, la plus ancienne occupante, la plus expérimentée. N'allez pas croire que je déteste tout le monde, non. Mes demi-frères et mes demi-soeurs, je les apprécie. J'ai aidé chacun d'eux à faire leurs premiers pas à la colonie. Ils me comprennent, contrairement à la masse d'imbéciles qui règnent parmi nous. Mon arme de prédilection, c'est l'arc. Tellement facile à manier, tellement sensible et dûre en même temps. J'atteins toujours ma cible. Mais souvent à Capture-l'étendard, j'attrape mon épée et je me bats comme les autres. Je la manie de façon très habile, mais ma préférence ira toujours à l'arc. Passons. Je suis assez redoutée à la colonie, surtout par les nouveaux. Les Athéna ont tendance à me haïr plutôt qu'autre chose, mais ça je vous avoue que je m'en contre-fiche. Pour le reste, on dit souvent que je suis une fille violente et agressive par moment. J'ai envie de répondre que je ne serais pas une vraie fille d'Arès si je ne l'étais pas un tantinet. On prend tout de son parent, les bons comme les mauvais côtés. Les dieux sont si imparfaits.
En gros je vis ma vie à la colonie, je n'en sors que quelques jours par an, pour faire plaisir à Amanda. J'ai un lien plutôt fort avec elle, même si je persiste à croire que des Iris-Mail et des lettres sont plus que suffisants. J'attends désespérement une quête, mais ça viendra. Je
suis importante, malgré tout ce qu'on peut dire sur la puissance des fils des Trois Grands. Je me sens ici chez moi, je ne demande rien à personne, je mène ma vie comme ça me chante. Et là où d'autres jeunes femmes perdraient leur temps dans les boutiques et à traîner avec leurs petits-copains, moi je m'entraîne plus de cinq heures par jour à me battre, à accroître ma force, à penser aux dieux, aux quêtes, et à toutes ces choses qui préoccupent une demi-déesse.