« Bienvenue à la colonie, jeunes héros. Je suis Chiron, le directeur des activités du camp… Le directeur de la colonie est actuellement occupé, mais si vous voulez mon avis, il vaut mieux que ce soit moi qui m’occupe des présentations… Il n’est pas très aimable voyez-vous. »
Il se racla la gorge, et tapa du sabot nerveusement. Oui, j’ai bien dit sabot… Je ne revenais toujours pas du spectacle limite irréel que j’avais devant les yeux. Un centaure, un vrai de vrai. Comme dans Narnia, comme dans Harry Potter... Il fait dire que ça en jetait un max. Plus le temps passait, plus je me disais que j’avais du atterrir par mégarde dans une de ces deux sagas cultes… Ouais c’était ça. Entre le satyre – vous savez ce gars, qui est mi-humain, mi-chèvre - qui se dit être notre protecteur et qui nous avait guidés jusqu’à la colo et le centaure qui se prend pour le dirlo, je n’avais plus de doutes. Ou j’étais en plein rêve, ou je devenais carrément zinzin. Je croisai le regard paniqué de Kyle et de Bree, mes deux compagnons de route que j’avais rencontrés en même temps que Finn, le satyre. Durant deux semaines, on en avait bavé (dans tous les sens du terme, pas facile de trouver de la bouffe également). Déjà, parce que le danger était partout. Aussi, parce que Finn n’était pas dans le genre rassurant. Vous voyez, il n’y est pas allé de main morte : « Je suis là pour te sauver, Jack. Tu es le fils d’un dieu en fait, tu le savais ? Tu peux mourir dans d’atroces souffrances à tout moment, alors pour éviter ce massacre, il faut que tu me suives, à moins que tu ne désires le contraire, je ne t’y empêcherais pas. » Bref, je n’avais pas trop le choix en fait. Je ne tenais pas tant que ça à crever. Je n’ai que quatorze ans vous voyez.
« Soit, allons à l’essentiel. J’imagine que vous connaissez un tant soit peu la mythologie greco-romaine, pas vrai ? Les douze dieux de l’Olympe, ça vous parle, je suis prêt à parier. Si je vous révélais, par pur hasard que tous ces mythes, tous ces héros mi-dieu mi-humain, d’Achille à Orphée en passant par Héraclès, étaient… réels ? »
Il marqua une pause, nous toisa un à un, chacun ayant une expression plus ahurie les unes que les autres.
« Enfin, non, ce n’est pas une coïncidence. Il faut que vous sachiez que dans ce monde, rien n’arrive par hasard, non. Les dieux de l’Olympe existent vraiment. Ils sont là, autour de nous, veillant sur le monde, et éventuellement sur leurs enfants qu’ils ont eus avec des mortels, car vous vous imaginez bien qu’ils n’ont pas fini de batifoler avec. Et vous êtes ces enfants. Cette colonie a pour simple objectif de vous entraîner, de vous protéger contre les créatures de l’extérieur, qui sont constamment auprès de nous, à l’extérieur des limites magiques de la colonie, à vous guetter sans relâche. J’imagine que Finn a du vous expliquer cette histoire d’odeur attirant les monstres… »
Finn secoua de la tête, d’un air digne. Bien qu’il m’ait quelque peu dérouté, j’avoue qu’il s’est montré plutôt agréable et pas mal précis avec nous, si bien que les révélations de Chiron nous choquèrent moins qu’on l’aurait imaginé – du moins pour ma part. Bree, une gamine de dix ans était au bord des larmes et cela faisait longtemps que Kyle, d’un an mon aîné, avait remis son casque sur ses oreilles. J’étais visiblement le seul qui était vraiment attentif à ce qui se passait. Il n’empêche que j’en avais quand même le souffle coupé.
« Du coup, on a des super pouvoirs ? hurla Kyle, toujours dans sa musique. - Plus ou moins… Tout dépend en fait de votre parent Olympien. Mais pour cela, il faudrait déjà que vous sachiez qui il est, et qu’il vous revendique comme étant son enfant. Vous saurez quand ce sera le cas, ça vous pouvez me croire… »
Chiron nous souriait amicalement. Cela aurait certainement du me rassurer – il n’en était rien. Il me fallait me poser un moment, j’avais un sérieux besoin de souffler. Il faut avouer qu’il était vachement lourd de digérer toutes ces informations à la fois. Mais je n’étais pas au bout de mes peines, ça, j’en étais certain.
« Finn, va m’appeler le chef de bungalow des Hermès, s’il te plaît. Il est temps que nos nouveaux pensionnaires prennent connaissance des lieux et s’installent... Je vous enverrais un peu plus tard la liste des activités et l’emploi du temps. Je vous donne rendez-vous ce soir au diner ! »
Sur ce, il nous fit un signe de la main puis s’éclipsa au pas, la tête dans les nuages.
Bien que cet endroit puisse sembler merveilleux aux premiers abords, je ne disais pas le contraire, il y avait tout le reste, cet autre monde que je découvrais. J’allais mettre un sacré moment à m’adapter, rien n’est moins sur… La vie de demi-dieu me semblait loin d’être évidente.
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