Comment traverser l'adolescence de la façon la plus merdique qui soit en six leçons, par R. Wilkes :

Ҩ 1 avoir un papa fauché et célibataire à vie
Ҩ 2 vivre avec lui en plus d'un coloc, Mr. Fearson, un vieil obsédé qui cherche tout le temps à toucher mes fesses
Ҩ 3 être la seule fille du bahut à ne jamais avoir embrassé quelqu'un
Ҩ 4 être résolue à ne pas teindre ses cheveux roux malgré les railleries des autres
Ҩ 5 avoir si peu d'amis que la prochaine fête d'anniversaire de mes quinze ans se résumera à : Papa + Fearson + Odett (la petite-fille de Fearson, 6 ans)
Ҩ 6 être l'élève la plus brillante du collège, tout en étant dyslexique et en en étant la risée

Et éventuellement :

Ҩ 7 être sortie des pensées de ma mère à la naissance. non, je ne suis pas au courant du nom du pauvre neurologue qui a du l'assister pendant l'accouchement.

Très bien. C'est ainsi que se résumait ma vie avant que l'élément numéro 7 n'entre en jeu, du moins, avant que j'en prenne connaissance. Je peux dire que ça m'a fait un choc de savoir que mon père avait bel et bien aimé quelqu'un. Non, sérieux je m'étais toujours dit qu'il avait trop bu un soir et qu'une jolie pute lui avait fait cadeau d'une petite rouquine à nourrir. Bah non. Je dois vous dire que la version réelle ne m'enchante pas plus, en fait. Vous réalisez un peu que ma mère est, genre, une déesse ? Non non, je n'ai pas confondu le jus d'orange et la vodka, je n'ai pas pris d'hallucinogènes, rien, je vais PARFAITEMENT bien. La vérité est là, et depuis tout ce temps, mon père m'a menti. Et je dois dire que dans notre famille, on est pas très doué pour les mensonges. Pas du tout même.

Je vais pas m'étaler dessus, les dieux de l'Olympe, les monstres, blablabla, Chiron m'a déjà rabattu les oreilles avec ça et sa foutue colonie de merde et toutes les conséquences du fait que j'aie pris conscience de qui j'étais réellement. Donc moi, Rayden, la petite intello-dyslexique est ainsi une demi-déesse ? Je n'arrive décidément pas à m'habituer à tout cela. Je dois dire que la première fois que ce mec avec sa coupe afro et son grand pancho est venu me dire qui j'étais, je lui ai ris au nez, et lui ai indiqué l'adresse de l'asile. Non, je suis sérieuse. Après on se demande pourquoi je suis si asociale... Malheureusement, il faut dire que je ne peux absolument pas m'empêcher d'être sarcastique, de vouloir montrer à quel point j'en sais plus que les autres et que j'ai horreur d'être contredite. Même en étant dyslexique, j'ai toujours été une bonne élève, j'ai une très bonne mémoire auditive. Mais en ce qui concerne les cours uniquement, c'est là où je suis le plus attentive... Parce que le reste, je peux vous dire que je suis tête en l'air et maladroite à souhait. Toujours à se fourrer dans des ennuis pas possibles. Heureusement que je compense avec le reste. J'ai toujours un plan dans mon sac, c'est ça la spécialité des enfants d'Athéna... Des personnes douées et stratèges se démarquant des autres.

Ciel, pourquoi mon père est-il roux ?! (pardon, il était roux, maintenant les cheveux blancs on prit le dessus et le reste a noirci) TOUS les enfants d'Athéna, à une exception près, sont blonds. Et c'est moi qu'on remarque le plus dans le bungalow, la Redhead ou plutôt la Raydhead, si vous saisissez le jeu de mot débile. Toujours à l'ouest, toujours en train de bouquiner deux trois trucs philosophique en grec ancien... En fait, aussi étrange que cela soit, c'est mon père qui m'a initié au grec ancien depuis mon plus jeune âge. Depuis un bon nombre d'année dans une situation financière plus que délicate, avec des périodes de chômage durant parfois plusieurs mois, il ne voulait absolument pas que je finisse comme lui. Et par le mystère le plus sombre, il a eu la brillante idée de me faire faire des cours à la maison, par le vieil archéologue qu'est Mr. Fearson, le coloc. Je vous ai déjà dit qu'il avait des ongles de pieds super long et dégueulasse, à un tel point que je n'osais jamais rentrer sous la douche sans avoir nettoyé celle-ci au moins quatre fois à la javel et tout ? Voilà, mon côté langue de vipère et maniaque ressort. Breef. Il m'avait présenté certaines photographies des lieux où il travaillait, il y a une trentaine d'années (j'ai omis de préciser qu'il avait, genre, le triple)... Il s'est avéré que j'arrivais à lire les inscriptions sur les bâtiments. Je lui ai prié d'en avertir personne, pas même mon père, je ne voulais pas être un phénomène de foire. Vous en connaissez beaucoup, vous, des dyslexiques qui arrivent à lire le grec ancien ? Je croyais être la seule dans ce cas... Je me trompais lourdement.

Quoiqu'il en soit, pendant une période, j'ai dévoré tout ce que Mr Fearson me donnait en grec ancien. Je lui ai redonné goût à l'archéologie, à l'architecture grecque, et je l'aidais grandement. Je crois que je l'ai aidé à amasser plein de fric en fait. Et c'est ce qui la poussé à partir d'ici, quelques mois avant que je rentre à la colonie. Ça va vous paraître bizarre, mais, malgré tout ce que j'ai pu dire sur lui, il me manque un peu. Je l'aimais bien quand même, ça fait depuis si longtemps qu'il est avec nous.

Revenons à ce gars, celui dont je vous ai parlé tout à l'heure, celui qui m'a annoncé du tac au tac qu'il pensait que j'étais la fille d'une déesse et auquel j'ai ris au nez. Je l'ai dévisagé de haut en bas, il s'est vexé, et sur le coup à commencé à... se déshabiller ! Bien que ne comprenant pas la réaction de ce fêlé du petit pois, j'étais aussi rouge que mes cheveux et je lui ai prié de m'excuser, que c'était sortit tout seul... J'ai détourné des yeux. Gros blanc. Au bout d'un moment, curieuse que je suis (non, je ne suis pas une perverse, je voulais juste m'assurer que tout allait bien, qu'il allait pas me sauter dessus pour me violer ou m'agresser de toute autre façon sisi, je vous jure ! Bref j'me tais) je le regarde du coin de l'oeil et sursaute : WAAAAAAH C'EST KING KONG ! PARS DE LA, JE NE SUIS PAS ANN DARROW !

Bon j'exagère. Je l'ai juste giflé de toutes mes forces, aussi vite que possible, puis ai reculé le plus loin possible. Je l'ai toisé de haut en bas. Un satyre. ai-je murmuré en grec ancien.

Et c'est là que tout à commencé. Les monstres, mes demi-frères et soeurs, les prophéties, tout ça quoi. Cela fait à présent trois ans que je suis à la colonie, et je dois dire que je m'y plait un peu mieux que dans ma vraie vie... J'ai pu un peu tout recommencer à zéro là-bas, me faire des amis qui me ressemble, même si je suis toujours un peu dans mon coin. Il se trouve que je suis plutôt douée en combat. J'ai eu beau négocier, mon père n'a pas accepté que je reste toute l'année là-bas... Mais j'y retourne pendant les vacances, donc ça va, je suis pas trop déprimée...

Mais il y a une chose, ou plutôt une personne que je ne peux pas blairer.

Athéna, cette salope.

D'accord, elle aimait mon père, c'est une chose. Tout le monde a le droit de tomber amoureux (sauf moi, s'il vous plaît si un jour vous me trouvez suspecte, mettez moi une araignée sous le nez) mais là il y a des limites. Ce n'est pas comme si ils m'avaient eu accidentellement ou autre... Elle a fait cadeau de moi à papa, par la pensée. Elle aurait pu ne pas le faire, mais pourtant, j'existe. Tout en sachant que mon père avait une situation financière plus que limite, et qu'on a toujours surveillé le moindre dollar qui était dans nos poches. Bah non, elle ne s'en est pas soucié. Elle ne s'en est pas soucié, non, ce tout ce que mon père a du sacrifier pour moi, pour m'élever, pour m'inscrire à l'école, pour que je sois une enfant normale...

Je ne la déteste pas au point de vouloir mettre la colonie à feu et à sang, et à rejoindre les Révoltés, je trouve que la colonie est bien quand même. Mais pour une mère, déesse de la sagesse qui plus est, je trouve qu'Athéna s'est comporté de manière irresponsable et irréfléchie et ça je ne peux pas lui pardonner.